ERIC SARDINAS : Boomerang (2015)
Natif de Fort Lauderdale en Floride (Ah ! La Floride !), cet amoureux du Delta Blues sort un album torride à la hauteur de sa réputation. Eric Sardinas utilise son dobro en slide de toutes les façons possibles : en rythmique et en solo, en arpèges et en accords, en son clair et en son saturé ou passé au travers de pédales d’effets. Et le résultat est sacrément efficace pour le plus grand plaisir de nos oreilles ravies. Dès le début, « Run devil run » fait mouche avec son rythme enlevé et son solo de dobro légèrement saturé. Sur le rock entraînant « Boomerang », Eric envoie un décoiffant solo de dobro glissant. « Tell me you’re mine », un blues-rock au tempo médium, vaut surtout par son solo de dobro saturé avec un effet wah wah. Avec son tempo lancinant, « Morning glory » mélange les origines du blues avec des influences à la limite du « Southern rock ». L’ombre de Johnny Winter plane sur « Bad boy blues », un blues qui cogne avec un solo de dobro hallucinant. On appréciera également l’efficace « If you don’t love me » avec ses accents country rock, son mur de dobros et son solo alternant des harmonies mineures et des gammes de blues majeures. Du beau travail ! La reprise de « Trouble » (popularisé par Elvis Presley) fait son petit effet avec son riff à la Muddy Waters et son accélération en rock'n roll énervé au milieu du morceau. Pendant le solo, on a l’impression que Johnny Winter serre la pogne de George Thorogood. Bien vu ! Retour au rock qui fait taper du pied avec « Long gone » et son solo en gammes mineures. « How many more years », un rock texan qui balance, frappe fort avec son solo de dobro passé au « Tube Screamer ». Johnny Winter ou Jimi Hendrix ? A vous de choisir ! Par contre, le titre final « Heavy loaded » (un boogie avec pour seule rythmique une guimbarde et un kazoo) était à mon avis dispensable. A part ce clin d’œil superflu, tout le reste du disque relève d’un très haut niveau. Des années auparavant, Jeannot l’Hiver nous avait prévenus en qualifiant le jeune Eric Sardinas de talent prometteur. Il ne s’était pas trompé.
Blues is here to stay!
Olivier Aubry